Que vous partiez en itinérance, à pied ou à ski, dans le Mont-Cenis, le refuge Hannibal offre un cadre inoubliable pour passer la nuit ! Inauguré en 2014, il a été conçu par le cabinet d'architecture italien Alpiprogetti. Il est situé sur le col du Clapier à 2477m, d'où il surplombe la vallée italienne de Suze ainsi que le lac de la Savine.
Selon plusieurs hypothèses, le général carthaginois Hannibal aurait emprunté ce col pour traverser les Alpes au début de l’hiver -218 avant notre ère, lors de la 2e guerre punique. Ce véritable exploit, un coup de génie stratégique, permit à Hannibal de prendre de vitesse l’Empire romain et de retourner certaines provinces nord-italiennes contre Rome.
Voici le récit d'une petite expédition que j'avais pu y faire !
Avec Emmanuel fidèle compagnon d'aventures nous avions choisi, pour fêter le réveillon de 2023, d'aller tutoyer les cimes dans cette demeure déjà historique ! Un duo qu’on pourrait poliment qualifier d’inexpérimenté et, disons-le franchement, désorganisé. Quatorze heures de montée plus tard, nous arrivions dans le dît lieu. Ce qui devait être une paisible expédition en ski de randonnée s’était métamorphosé en un championnat improvisé d’escalade alpine, où chaque pas se jouait autant à la sueur... qu’au rythme parfaitement calibré des pauses Chartreuse verte !
Qu’importe, dirons-nous : à défaut d’atteindre le sommet du style, nous avions, avec une certaine grandeur, imité la prouesse d’Hannibal et de son armée. Lui traversait les Alpes à dos d’éléphants, au nez et à la barbe des Romains. Nous, nous les traversions gaiement au mépris de la logique et des cartes IGN, nos sacs alourdis de deux miches de pain, trois fromages, et d'une Insolente cargaison de Chartreuse Verte.
Arrivés à 23 heures, nous découvrîmes notre luxueux bivouac : huit lits en mezzanine, une grande pièce à vivre dotée d’une baie vitrée si large qu’elle relevait de l’œuvre d’art. Mais ici, en dépit de nos attentes, pas de chauffage.
De notre côté, nous n’étions guère mieux lotis : ni eau, ni réchaud. Il faisait -7, et la soif se faisait pressante. À l’aide de quelques lambeaux de chandelles – laissés, sans doute, par de bienveillants randonneurs (italiens, imaginions-nous) –, nous réussîmes à faire fondre juste assez de neige pour boire quelques gorgées salvatrices. Puis, vidés et vaguement rassasiés, nous tombâmes dans les bras de Morphée.
Le lendemain matin, il fallait monter une expédition pour trouver de l’eau. Deux cents mètres de skis (un exploit, ne riez pas) suffirent pour nous mener au pied du glacier du Muttet, où nous remplîmes enfin notre jerricane. L’eau ramenée, il ne restait plus qu’à préparer les festivités : réveillon oblige.
À 14 heures, un invité surprise fit son apparition. Une tempête de neige, rien que ça. Nous l’accueillîmes comme il se doit : au génépi. À 17 heures, les lampes automatiques du refuge s’allumèrent, projetant sur les flocons tourbillonnants des reflets féeriques, qui devinrent instantanément le centre de nos débats philosophiques. "On dirait des bancs de poissons", lançai-je, soudain poète. "L’année prochaine, c’est décidé, je me mets en mouvement : je deviens un homme nouveau", déclara Manu, visiblement inspiré (et légèrement crédule).
À 19 heures, nous perdîmes les consonnes, mais continuâmes à parler aux flocons. À 21h30, nous nous souhaitâmes une bonne année puis nous pliâmes la soirée.
Le lendemain, profitant d’une météo plus clémente, nous quittâmes le refuge pour rejoindre notre point de départ : le plateau de ski de fond de Bramans. Je vous épargne les détails – je tiens au sommeil de mes parents !
À 18h40, abandonnés à la providence dans un froid glacial, nous croisâmes Agnès et Jean-Louis. Ce merveilleux couple, accepta de nous prendre en stop. Non seulement ils nous déposèrent au magasin de location pour rendre nos skis à 19h, mais ils prirent la peine de nous ramener à Beaune le lendemain. Merci à nos anges gardiens !
Suggestion 😇
Une excellente idée d'expédition consiste à faire une itinérance de plusieurs jours dans le massif. Les refuges de Vaccarone, du Mont d’Ambin ou encore le bivouac Walter Blais sont d'excellents points de passage ! Nous n’avions pas pu réaliser ce projet à l’époque, faute de bonnes conditions météo, mais soyez sûrs que nous y retournerons un jour. Vous trouverez tous cela sur notre application !
Autrement y a des topos sur camptocamp ou bien encore sur
Ski Tour
!
PS : Je vous invite à lire sur la bataille de Cannes (au nord des Pouilles), une large victoire carthaginoise qui illustre tout le génie d'Hannibal, ainsi que sur les fameux "délices de Capoue", qui, dit-on, menèrent son armée à sa perte.